Lorsqu’on va à Limoges, on ne peut pas passer à côté de la porcelaine avec les nombreuses boutiques et galeries à chaque coin de rues.
Le Musée National Adrien Dubouché retrace l’histoire de la céramique et de la faïence de l’Antiquité à nos jours au travers de 5000 œuvres exposées. Il possède toutefois 18 000 œuvres au total.
Qui était Adrien Dubouché ?
Né en 1818 à Limoges et décédé en 1881 dans le sud-ouest de la France, Adrien Dubouché de son vrai nom François-Louis Bourcin-Dubouché, était le maire de Limoges en 1870. A partir de 1865, il était vice-président de l’Académie des Beaux-Arts et président de l’Ecole nationale supérieure d’Art de Limoges. Il a aussi été le directeur du musée qui porte son nom de 1865 à 1881.
Passionné d’art, il collectionne les œuvres et notamment de la céramique. Il fera d’ailleurs don de 400 pièces à son musée en 1866. En 1868, il ouvre une école d'art dans le musée pour laisser place à l’inspiration des artistes à partir des collections exposées. Ami d’Albert Jacquemart, historien de l’art spécialisé dans la céramique française, il rachète à sa mort sa collection de 600 pièces pour faire un don au musée. Afin de le remercier, la Ville de Limoges et le Conseil d'État renomme le musée en son nom. Le collectionneur ne s’arrêta pas en si bon chemin. En rachetant la collection de Paul Gasnault, conservateur du Musée des Arts Décoratifs de Paris et du Musée de la Céramique de Limoges, il fit un autre don de 4000 pièces au musée.
Quelle est la différence entre porcelaine, faïence et céramique ?
Une céramique est une pièce en argile qu’on a cuite. Il en existe diverses sortes. Faisons le tour des différentes céramiques.
Il existe deux types de céramiques non-techniques : Les céramiques poreuses et les céramiques vitrifiées.
Les céramiques poreuses sont la poterie et la faïence.
Cuite entre 800 et 1000 °C, la poterie peut être rouge, orange ou brune due à l’oxyde de fer dans la pâte. C’est la plus ancienne céramique poreuse.
La faïence subit deux cuissons après avoir été fabriquée et séchée. La première cuisson qui permet de l’émailler c’est-à-dire de la durcir avec un enduit vitrifiable est entre 800 et 1050 °C. La seconde cuisson qui fixe l’émail est de 980°.
Les céramiques vitrifiées sont la porcelaine et le grès.
La porcelaine résulte de l’évolution de la céramique chinoise. Dès le XVIIIème siècle, elle est fabriquée en Occident avec comme base du kaolin, une argile blanche. Solide et translucide, la porcelaine est cuite en deux phases. La première phase s’appelle le dégourdi. Elle consiste à cuire la porcelaine entre 800 et 900 °C pour pouvoir l’émailler. La dernière phase donne vie à une pièce de porcelaine. Elle est ainsi cuite entre 1250 et 1400 °C.
Le grès, très solide est d’abord cuit entre 800 et 1000 °C pour le dégourdi, puis à 1280° pour l’émaillage.
Les céramiques techniques sont modernes. Apparues durant le XXème siècle, on en retrouve dans les dispositifs médicaux (ex. prothèses dentaires), sanitaires (ex. filtre), industriels (ex. pièces d’usure). Les matériaux de base sont les oxydes, les carbures et les nitrures qui sont des éléments chimiques. De ce fait, les céramiques techniques ne contiennent pas d’éléments métalliques ou organiques.
Le musée est divisé en quatre parties.
La première partie dévoile le matériel et les techniques de fabrication la céramique. Des machines anciennes, témoignant l’histoire industrielle de la ville servent encore aujourd’hui à la réalisation d’objets contemporains. Il existe quatre étapes dans le processus de création de la céramique.
Dans la deuxième partie, des céramiques de l’Antiquité au XVIIIème siècle sont exposées. La première sélection est issues de découvertes archéologiques dont des poteries grecques, des terres vernissées du Moyen-Age et des faïences italiennes de la Renaissance appelées « majoliques ». La deuxième sélection concerne la porcelaine chinoise et japonaise. La Chine a longtemps été la seule à en fabriquer. Ses chefs-d’œuvre sont reconnaissables par leurs décorations bleues et blanches. La troisième sélection de cette partie met en avant Adrien Dubouché et l’histoire du musée. La dernière sélection est accordée aux faïences européennes des XVIIème et XVIIIème siècles. La découverte de gisements de kaolin en Limousin a permis de fabriquer de la porcelaine dure en France.
Dans la troisième partie, ce sont les céramiques du XIXème siècle à nos jours qui sont présentées. Il s’agit d’une collection exceptionnelle d’Adrien Dubouché classée chronologiquement. Cela permet de situer les œuvres selon leur courant dans les arts décoratifs européens : néo-classicisme, romantisme, orientalisme, japonisme, impressionnisme… Il y a une sélection d’Art nouveau avec notamment des œuvres d’Hector Guimard. Une sélection d’Art déco fait écho à ce mouvement et a entrainé de fortes transformations des formes et des décors au XXème siècle. Il y a également une sélection de céramique contemporaine avec des plats conçus par Pablo Picasso, des designs amusants de d’Ettore Sottsass, des sculptures d’Elmar Trenkwalder ou encore des porcelaines imprimées en 3D de Jonathan Keep qui témoignent d’une recherche sur les nouvelles technologies.
Enfin, en dernière partie du musée, on retrouve la porcelaine de Limoges du XVIII au XIXème siècles, puis celle des XX et XXIème siècles. La première sélection nous propose de découvrir les grandes étapes de l’histoire de la porcelaine de la ville de la création de la première manufacture en 1771 à l’apogée de l’industrie porcelainière, à la fin du XIXème siècle. La deuxième sélection présente des œuvres contemporaines dépassant les arts de la table et se rapportant aux mouvements majeurs (Art nouveau, Art déco et design) qui ont marqué la ville dès le début du XXème siècle. Une dernière sélection d’œuvres nous invite aussi à suivre la progression des techniques marquantes de l’histoire du verre. Il y a notamment du verre moulé de l’Antiquité, de la verrerie européenne « façon de Venise » des XVI et XVIIème siècles, du cristal et du verre gravé du XVIIIème siècle.
Mon avis sur le Musée Adrien Dubouché
L’exposition est organisée efficacement et chronologiquement ce qui permet de bien s’y retrouver dans l’histoire de la céramique et de voir l’évolution de celle-ci au fil du temps. Il y a des explications détaillées sur chacun des types de céramiques ainsi que le cadre spatio-temporel varié à chaque époque. Le portrait d’Adrien Dubouché est essentiel et pertinent. Les espaces d’exposition sont ordonnés et reflètent d’un grand savoir-faire. Les très nombreuses pièces et leur qualité sont très plaisantes à voir et font la renommée du musée au niveau national.
Le seul bémol est la résonnance des salles d’exposition du premier étage et la présence des visites guidées au même moment que les visites libres. En effet, un brouhaha permanent se présente lorsque plusieurs personnes parlent en même temps et se déplacent ce qui gâche la visite. Comme nous restons stationnés un certain temps dans les salles afin de lire et d’apprécier les œuvres, ce brouhaha devient très dérangeant. Il faudrait peut-être que le musée demande à ses visiteurs de chuchoter ou de rester silencieux lors de l’accès au premier étage sous peine de déranger les autres visiteurs. Il n’y a cependant pas ce problème aux autres étages.
Malgré le bruit, je recommande vivement ce musée qui est exceptionnel tant par son nombre d’œuvres que sa qualité en matière de connaissance.
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